Qu’il est dur de souffrir.
Car souffrir, c’est être seul. Seul d’une solitude sans pareil. Ce n’est pas la solitude qui se nourrit de ce qu’il y a de désertique, non, c’est la solitude irraisonnée dans la complexité. C’est être seul dans la foule. C’est être immobile dans la course. C’est être sans vie dans la vie.
Ce qui est réel se cache. On ne sait plus dire s’il y a des limites. Tout ce qui touche blesse. Irrémédiablement, sans issue, sans destin. On se méfie, on se défend, on se dissimule, on se ment, et puis on fini par perdre sens, puis raison, puis cœur. Plus rien n’existe dans la netteté, sauf quelques fois dans une crise de réalité, des accents fous de douleurs aigues. Mais le flou, le flou, ce flou qui devient fou, qui devient coup, qui devient vous. La peine est peu à peu la vie, la mélancolie est peu à peu le bonheur, l’inconsistance est peu à peu la matérialité. Plus rien n’est palpable, pas même ce que l’on ressent, tout se mélange, les sens, les émotions, les décors et la conscience. Les souffrances par chronicité sont des solitudes solitaires, de celles qui sont silencieuses et stables, comme des petites flammes qui vacillent sans jamais s’éteindre, comme des petites feuilles qui naviguent sans jamais couler, comme des petites âmes qui vivent sans jamais s’écrouler.
Souffrir, c’est être seul. Ce n’est pas la solitude qui provient d’une origine, non, c’est la solitude inavouable sans autre solution qu’elle-même. C’est être seul parmi les autres, c’est être seul malgré la vie, c’est être seul avec soi-même.
Qu’il est dur d’être seul.
© RéLouE