© juillet 2010, Réloue
© juillet 2010, Réloue
Il est 21h10 et ma vie est en retard. Rien n’y fait, il est trop tard, j’ai laissé courir le temps. J’ai pourtant couru à sa suite pour rattraper le temps perdu, mais rien n’y fait, ma vie n’est plus. Me voilà vieille avant l’heure, me voilà usée avant les épreuves, me voilà vide avant d’avoir été pleine. La pendule s’est arrêtée, le glas a sonné, ma vie n’est plus. Un tas de cendres, un tas d’os, un tas de rien. J’ai tout perdu alors que je n’avais rien gagné. Il est l’heure d’abandonner, quel dommage à mon âge diront les uns, quel gâchis que cette vie diront les autres. Il est 21h18, voilà 8 minutes de mots qui défilent, comment osent-ils alors que rien n’est plus, comment avancent-ils alors que je ne vis plus ? Je n’accélérerai plus le pas,
je laisserai le temps me dépasser,
la marée monter
et ma vie s’égarer.
© Juillet 2010, ReLouE
Perdue dans les clameurs
Je distille mes peurs
Et sème au compte-goutte
Inquiétudes et doutes.
Entraînées de mots en mots
J'ombrage mes sanglots
Et me retourne sur le passage
De ces fantastiques nuages.
Bousculée vers l'inconnu
Je traverse les rues
Pressée par des personnages
De cette brocante d'images.
Egarée dans la foule
Je trébuche comme saoule
Enivrée de cris
J'éparpille ma vie.
Eblouie par tant de visages
Je peine à trouver le rivage
Je tourbillonne parmi les rires
Et saupoudre mes sourires.
Etourdie de remous
J'oscille sans à-coups
Et courtise parfums et couleurs
Pour les donner à mon cœur.
Dans ce monde de mouvements
Je m'avance doucement
Ne suis que plume qui virevolte
Qui en aimant récolte…
© Réloue
Alors, encore une fois, mon coeur battait la solitude. Une fois encore, la tristesse douce et sinueuse s’imposa en moi, sans que je sache si je l’avais invoquée moi-même, ou si elle était juste réapparue à la surface de l’instant présent. Le soleil dégoulinait par la fenêtre. J’étais trempée de beauté, et je me suis noyée dans l’harmonie. J’avais mal.
© RéLouE
© Juin 2010, RéLouE
Furieux petit monstre merveilleux.
© juin 2010, Réloue
défi n°30 de Abeille50 pour la communauté "Ruche des beaux mots" : MA PLUME, MON ECRITOIRE.
(http://abeilles50.over-blog.com/article-defi-n-30-de-la-ruche-51099936.html)
Je contemple ma plume
Sa vague et son écume
De ses traits le ressac
De ses points les grandes flaques
Elle caresse de sa douceur
Toutes les fibres de mon cœur
Tandis que sa pointe biseautée
Lacère et griffe le papier
On croirait que ma main l’emprisonne
Que mes pensées l’empoisonnent
Mais c’est moi qui suis en sa serre
Moi la captive de ses vers
Ma plume trace quelques tâches
Qu’au fond de moi elle arrache
Elle y vole mes pauvres secrets
Dont elle fait un dessin, un ballet
Le jour la plume est silencieuse
Ce sont mille lésions qu’elle creuse
La nuit ma plume est à flot
La voilà qui navigue sur les mots
Après la plume s’épanche le bleu
Un hématome, une marque, un coup de feu
Son incision sur une page
Comme une cicatrice sur mon image
Ma plume ondule en mouvement
Ma plume respire lentement
Elle fait des lettres un chemin
Elle fait de moi-même son festin
Je contemple l’encre profonde qui glisse
Les toiles et les textes qu’elle tisse
De son flux le sanglot
De mon âme les mots
Je contemple le ramage
De mes rêves le nuage
Qui assombrit d’un peu d’eau colorée
L’aQuaRelle de mes mOts succombés.
Qu’il est dur de souffrir.
Car souffrir, c’est être seul. Seul d’une solitude sans pareil. Ce n’est pas la solitude qui se nourrit de ce qu’il y a de désertique, non, c’est la solitude irraisonnée dans la complexité. C’est être seul dans la foule. C’est être immobile dans la course. C’est être sans vie dans la vie.
Ce qui est réel se cache. On ne sait plus dire s’il y a des limites. Tout ce qui touche blesse. Irrémédiablement, sans issue, sans destin. On se méfie, on se défend, on se dissimule, on se ment, et puis on fini par perdre sens, puis raison, puis cœur. Plus rien n’existe dans la netteté, sauf quelques fois dans une crise de réalité, des accents fous de douleurs aigues. Mais le flou, le flou, ce flou qui devient fou, qui devient coup, qui devient vous. La peine est peu à peu la vie, la mélancolie est peu à peu le bonheur, l’inconsistance est peu à peu la matérialité. Plus rien n’est palpable, pas même ce que l’on ressent, tout se mélange, les sens, les émotions, les décors et la conscience. Les souffrances par chronicité sont des solitudes solitaires, de celles qui sont silencieuses et stables, comme des petites flammes qui vacillent sans jamais s’éteindre, comme des petites feuilles qui naviguent sans jamais couler, comme des petites âmes qui vivent sans jamais s’écrouler.
Souffrir, c’est être seul. Ce n’est pas la solitude qui provient d’une origine, non, c’est la solitude inavouable sans autre solution qu’elle-même. C’est être seul parmi les autres, c’est être seul malgré la vie, c’est être seul avec soi-même.
Qu’il est dur d’être seul.
© RéLouE
Cette fois, je n’ai plus le choix. Il me faut à nouveau retrouver la douleur d’écrire. Car la douleur de vivre est revenue. Tant d’efforts j’ai déployé pour me construire… et pfuit ! Poussière ! Ma vie, ma vie se trouve soudaines, soudaines poussières. La colère. La colère profonde, abyssale. Je ne pensais pas retrouver son odeur bouillonnante et sa froide texture. Je l’avais laissée derrière moi, je l’avais chassée au profit du pardon, et pardon, oh pardon ! A nouveau l’ai laissé s’inviter.
Cette colère je la connais. C’est la colère de la souffrance. Celle qui empêche de s’écrouler. Trébucher. Au début, oui, juste trébucher au lieu de s’écrouler de souffrance. Trébucher de colère. J’en sais le chemin. Je sais le chemin du pardon, l’adieu à la colère. Le vrai pardon, le véritable, est sans retour : on ne dépardonne jamais. Mais ce sont parfois d’autres colères qui s’installent, on ne décolère jamais vraiment non plus, et me voilà qui en découvre, atterrée, ébahie, l’étrange réalité aujourd’hui.
Seulement bien-sûr, cette fois, cette fois nouvelle, je ne me soustrais pas : je sais qu’il m’en faudra sortir. La douleur, autrefois si aigue, aigue à transpercer, s’est assagie : elle m’avale, m’anéantie de sa puissance, mais ne me laisse pas ne pas résister. Je sais qu’il m’en faudra sortir. Je contemple ma conscience s’évader, la réalité s’éroder, mes émotions me submerger, me noyer, m’engloutir… Je contemple, assourdie, étourdie et chancelante, le vacarme que fait ma vie à être ainsi ensevelie du silence de la douleur.
Je contemple mon esprit à la dérive, m’emplit de vide et cherche à disparaître, là, quelque part au fond de moi. Cette fois, je n’ai plus le choix, il me faudra m’en sortir. La souffrance ne me laisse pas imaginer cette fois, que je puisse un jour en finir de tous mes jours, cette fois je le sais, il me faudra vivre. La pensée m’accompagne comme une ombre, présente et immatérielle, et ne deviens jamais mienne. Je la sais, je ne la sais que trop bien, et je la sais inaccessible : il me faudra vivre, et cela, cela sera difficile.
Il me faudra vivre, c’est sans issue.
© RéLouE
© avril 2010, RélouE